L’automne 2017 aura été marqué en Europe et aux Etats-Unis par « la libération de la parole des femmes ». Derrière la bannière #metoo, ou #balance ton porc, des milliers et des milliers de femmes sortent du silence, se réjouit-on, et nos journaux de faire chaque semaine un nouvel inventaire des victimes, et des harceleurs encore impunis. « Elles parlent, et après ? s’interroge l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Leur parole, leur courage, les risques très importants qu’elles prennent vont-ils suffire à changer concrètement les choses ? A transformer l’institution judiciaire en profondeur face au traitement de leurs plaintes, à réarmer médecine et inspection du travail ? A contraindre les employeurs, privés comme publics, à respecter leurs obligations à leur égard ? ». Depuis trente ans, l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) œuvre pour que ce dont parlent ces femmes s’arrête, durablement. Cette association de 4-5 juristes, dont l’intervention est gratuite, offre une permanence d’écoute, d’accueil, de soutien moral, et de conseils, notamment juridiques, aux personnes victimes au travail de violences sexuelles, sexistes et de discriminations. Elle intervient à leurs côtés (notamment auprès des employeurs, de l’inspection du travail, du parquet, de la police ou de la gendarmerie) pour qu’elles soient rétablies dans leurs droits. En effet, l’indemnisation des victimes est le premier frein à la violence au travail. Les employeurs qui ont négligé leurs obligations légales, qui ont même parfois pris le parti de l’agresseur, doivent porter le coût des préjudices des victimes. Le droit européen exige que la réparation du préjudice soit « effective, proportionnée et dissuasive ». Les victimes, qu’elles aient démissionné, qu’elles aient été licenciées ou qu’elles soient encore en poste, devraient être indemnisées intégralement. En France, par exemple, la loi ne le permet pas toujours. La prévention est le second frein, prévu par la loi ; mais les employeurs ne s’en soucient pas tous. L’AFT est aussi un organisme de formation. Elle a pour rôle de sensibiliser et de former les professionnels (police, gendarmerie, inspection du travail, médecin du travail, professionnels de la santé, syndicats etc.) aux questions du harcèlement et de la discrimination, et de leur fournir les outils dont ils auront besoin pour agir à leur niveau. Elle a notamment publié deux guides pratiques, l’un destiné aux employeurs et l’autre à l’attention des victimes. Elle intervient dans les médias, organise des campagnes, des colloques. Elle propose également, en collaboration avec la compagnie Dé(s)amorce(s), un « théâtre-forum » pour des publics spécifiques (comités d’entreprises, lycées, par exemple). Site web: http://www.avft.org/